Chronique de la Réforme en Valais - chapitre 6 (partie 1)

Niklaus Natacha / Vulliemin L. - 02.01.2006

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Résumé du précédent épisode
L'évêque se plaint de la situation en Valais. Les députés des dixains ne lui reconnaissent aucun droit souverain. La France qui avait ravivé la vieille haine des Valaisans contre l'évêque cherche à les rapprocher de lui : elle voulait enlever le Valais à l'influence espagnole, mais pas en bannir le catholicisme. Pour rétablir sa réputation auprès du pape, après avoir contribué à l'expulsion des Jésuites milanais, elle encourage les Valaisans à accepter le calendrier grégorien pour la joie du pape et du roi.

Quant aux prétentions de l'Espagne, la France employait d'autres voies pour les combattre. Un petit écrit fut répandu sous le titre de Brief discours d'un simple Valésien à ses honorables seigneurs et bons compatriotes. Le simple Valésien disait : «On nous propose l'alliance du puissant monarque de l'Espagne; on nous promet à la condition de cette alliance le sel, le vin, le riz à bon marché, et l'on ajoute que du jour où elle sera conclue, l'on n'osera s'attaquer à une république l'alliée d'un si grand roi. A quoi je réponds : Les princes ne veulent rivaux en amitié. Tite-Live l'a prouvé et les Saintes-Ecritures en donnent de nombreux exemples. (Ici les citations) Or, s'il en est ainsi, pourquoi romprions-nous avec le roi de France qui nous donne de grosses pensions, qui nous envoie un sel meilleur que n'est celui d'Italie, qui entretient à ses frais huit étudians du pays? Pourquoi romprions-nous avec Berne, dont l'alliance garde nos frontières et a mis fin à de longues guerres? Y a-t-il quelque ressemblance d'humeur entre nous et ces Espagnols et ces Italiens que l'on nous vante? Mais j'ai quelque chose de bien plus fort à dire : nous est-il permis de violer nos sermens lorsque nous savons que le peuple de Dieu observa religieusement celui qu'il avait fait à Rahab, bien qu'elle ne fût qu'une paillarde?»

Les argumens des envoyés de la France paraissaient tour à tour forts ou faibles selon que les mulets chargés de l'or du roi prenaient ou non le chemin, par eux trop peu fréquenté, de la vallée du Rhône. Un jour, par exemple, que les pensions se trouvaient en retard, les dixains de Brig et de Conches avaient fait avec l'Espagne un traité qui excluait les Français du passage du Simplon. L'ambassadeur s'était hâté de faire venir de l'or, et les deux dixains avaient avoué leur faute et témoigné leur repentir; mais le traité n'en subsistait pas moins; il avait fallu se contenter de la déclaration qu'on n'avait point entendu préjudicier à l'alliance française. A l'heure qu'il est, on était en arrière de quelques mille Livres. Les Valaisans commencèrent par en requérir le paiement. Ils demandèrent ensuite l'entrée franche du sel, à défaut de quoi ils se verraient obligés de s'allier avec l'Espagne, pour obtenir d'elle un traité de commerce avec Milan. Le roi, pour empêcher les jeunes clercs d'aller étudier en Italie, s'était engagé d'entretenir à Paris huit édudians du Valais; les Valaisans exprimèrent le désir de voir employer l'or de la France à fonder un séminaire dans le pays même. Ils prièrent Sa Majesté de leur envoyer des prêtres français, et se déclarèrent bien résolus à ne plus souffrir chez eux la liberté de religion. Ils eussent conservé les jésuites s'ils n'eussent été les serviteurs de l'évêque qui leur avait donné arbitrairement l'église de Saint-Pierre, l'ancien temple des bourgeois.

Sources :
Cette série d'articles est tirée de Le Chroniqueur, recueil historique et journal de l'Helvétie romande, renfermant le récit de la Réformation de ce pays publié dans les années 1835 et 1836, Imprimerie et librairie de Marc Ducloux. Compilation et mise en forme : APV.

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