Chronique de la Réforme en Valais - chapitre 3 (partie 2)
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L'ignorance, l'oisive nonchalance et la mauvaise vie des prêtres Valaisans les avait laissés dépouillés du respect des peuples. Ils ne savaient ni prier ni prêcher; la plupart savaient à peine lire. (...) Lorsqu'un prêtre avait été chassé de son pays pour inconduite ou rejeté pour incapacité, il était sûr de recevoir la consécration dans le Valais.
S'il se trouvait dans les dixains quelques connaissances avec quelque piété, c'était chez les sectaires(7) qu'on les rencontrait. Des colporteurs semaient dans tout le pays les Saintes Ecritures et des traités évangéliques. La foi réformée était enseignée dans les écoles. Les prêcheurs de Genève(8) la répandaient en tous lieux. Ce fut dans ces circonstances que les Pères Capucins vinrent remplir leur mission dans la vallée du Rhône.
Dès l'an 1592, le conseil du pays avait ordonné à tout Valaisan d'assister au culte catholique, ou de vendre ses biens et de quitter sa patrie. Ce décret avait fait sortir quelques familles des dixains de Sion. Il ne paraît pas qu'il eût été exécuté ailleurs. Voici que les missionnaires se répandent; ils rendent le courage à l'évêque, soulèvent les catholiques et prêchent l'extermination de l'hérésie.
(...) C'est inutilement que des députés des Grisons et des cantons évangéliques accourent, parlent de tolérance et prêtent leur appui à leurs frères. Le peuple, en nombreuse assemblée, met la religion aux voix (1604).
L'Espagne et le duc de Savoie avaient promis aux catholiques bons secours en hommes et en argent. La France de son côté avait agi secrètement auprès des réformés, et elle avait surtout témoigné un grand intérêt pour les libertés du Valais. De ces impulsions, la première fut la plus forte.
Le peuple commença par dépouiller de leur charge le capitaine et le banneret du dixain de Conche, qui passaient pour amis de la réforme; puis il donna deux mois aux évangéliques pour rentrer dans le sein de l'Eglise ou pour quitter le pays. Ce furent les résolutions de la majorité; mais l'intervention de l'ambassade française et celle des députés des cantons évangéliques empêchèrent que le décret ne fût mis à exécution.
Notes :
7) Sectaires :
Comprendre ici : les chrétiens évangéliques, taxés d'«hérétiques» ou de «sectaires» par l'église catholique. – APV-NN
8) Prêcheurs de Genève :
Qui étaient les Missionnaires évangéliques en Valais? On trouve dans Senebier le nom de Jean Jacomot. Ailleurs le nom d'Alexius. Les ministres de Lausanne, de Vevey et surtout d'Aigle et de Bex se montraient souvent en Valais.
Sources :
Cette série d'articles est tirée de Le Chroniqueur, recueil historique et journal de l'Helvétie romande, renfermant le récit de la Réformation de ce pays publié dans les années 1835 et 1836, Imprimerie et librairie de Marc Ducloux. Compilation et mise en forme : APV.