Chronique de la Réforme en Valais - chapitre 5 (partie 1)

Niklaus Natacha / Vulliemin L. - 02.01.2006

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Résumé du précédent épisode
L'Espagne et le clergé romain envoient les Jésuites pour intensifier leurs efforts. Les dons affluent; des missionnaires arrivent en masse. Les évangéliques doivent fuir leur patrie. L'Espagne propose au Valais de conclure une alliance avec lui. Alors la jalousie de la France s'éveille. Elle ravive la vieille haine du Valais contre l'évêque. Celui-ci proteste. Les cantons catholiques font pression pour ramener le Valais «dans le droit chemin».

Bientôt l'évêque fit entendre de nouvelles plaintes : «Toute obéissance nous est refusée. Il ne nous reste ni pouvoir spirituel, ni autorité temporelle. Dans notre détresse nous nous sommes vu forcé de recourir à la protection de la France. Mais voici qu'ils nous ont contraint d'y renoncer, et de nous engager à ne faire aucune alliance que le peuple n'en soit instruit. Ce n'est plus que méchanceté, qu'hérésie et que violence. Vainement Sa Sainteté nous avait donné les jésuites et les capucins; ce peuple rejette les bienfaits de la miséricorde de Dieu. Les processions ne sont plus fréquentées. Les places sont données à l'hérésie. C'est à peine s'il reste quelques traces de religion à Sion et à Louëche. L'on sait l'accueil que nous avons reçu l'an dernier à Louëche où nous allions faire notre visite accoutumée; nous avons été contraint par une sédition de sortir du lieu avec grande ignominie et grand péril pour nos jours. On persuade le peuple que notre volonté est de soumettre le pas aux étrangers, parce que nous nous sommes refusé à casser les arrêts qui concernent la religion. L'on vient de nous enlever nos armoiries après nous avoir dépouillé de la charte de l'empereur Charles-Quint. Il n'est déjà plus question que d'assembler le peuple pour nous chasser du Valais. Si de semblables procédés sont bien, il faut désespérer des hommes et quérir la justice le plus loin de cette terre qu'il se pourra. Si vous ne passez les monts et ne nous assistez de toutes vos forces, selon votre promesse, il ne nous reste que d'aller remettre notre crosse épiscopale aux mains du souverain pontife.»

Sur ces entrefaites les députés des dixains s'assemblèrent à Sières, en décembre, bien résolus à ne reconnaître à l'évêque aucun des droits qui accompagnent la souveraineté. L'assemblée fut orageuse. Toutes les prétentions du prélat furent repoussées. L'on soutint «que l'empereur n'avait pu donner la Vallée du Rhône qui ne lui avait jamais appartenu; que le peuple, qui plus d'une fois avait reconquis le pays trahi par des évèques infidèles, avait acquis par sa vertu la comté et la seigneurie; que la cérémonie dans laquelle l'évêque, à son installation, recevait l'épée des mains du bailli en était la figure et le témoingnage.»

Sources :
Cette série d'articles est tirée de Le Chroniqueur, recueil historique et journal de l'Helvétie romande, renfermant le récit de la Réformation de ce pays publié dans les années 1835 et 1836, Imprimerie et librairie de Marc Ducloux. Compilation et mise en forme : APV.

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