Chronique de la Réforme en Valais - chapitre 4 (partie 1)
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Résumé du précédent épisode
Les chrétiens Valaisans sont exclus du droit commun; des bibles sont brûlées. L'ardeur de la Réforme se refroidit, mais certains passent encore dans l'Oberland pour communier avec leurs frères; des colporteurs sèment les saintes Ecritures dans le pays et la foi réformée est enseignée dans les écoles.
Pour s'ouvrir le passage des Alpes, le roi d'Espagne et le duc de Savoie envoient les pères capucins étouffer le ferment de la Réforme. On ordonne aux réformés de rentrer dans le sein de l'Eglise ou de quitter le pays. La France et les cantons évangéliques empêchent la mise à exécution du décret.
L'Espagne et le clergé romain se décidèrent à faire de nouveaux efforts. Les jésuites se joignirent aux pères capucins. Ils s'établirent à Conches et à Sières (...). L'évêque de Vénafro (...) exposa à Lucerne et dans toute la Suisse catholique le déplorable état du Valais, menacé d'être envahi par l'hérésie. Il souleva le fanatisme des populations, gourmanda la tiédeur des magistrats et réveilla le zèle endormi du clergé.
Alors les dons arrivèrent et les missionnaires surgirent. L'un des bénéfices de l'abbaye de Munster fut destiné à faire étudier en Suisse dix jeunes Valaisans. Le premier pasteur de Lucerne donna l'exemple de quitter sa cure et son troupeau pour aller prêcher la foi et enseigner le culte aux pauvres gens des dixains. De nombreux ecclésiastiques imitèrent son exemple. (...) dans l'espace de dix années l'on vit, dans le seul canton de Lucerne, quarante-deux personnes tout abandonner pour aller dans le Vallais «chercher la brebis perdue».
Tant d'efforts ne tardèrent pas à porter leurs fruits. Les évangéliques furent réduits (...) à s'éloigner de leur patrie.(9) Les (...) colporteurs de Bibles et de Traités furent menacés [de] carcan(10). Une amende de 60 livres punissait le crime de manger gras le vendredi; les pauvres qui ne pouraient la payer furent condamnés à avoir l'oreille coupée. Le clergé triomphait. L'Espagne, qui attendait l'heure de pouvoir détacher le Valais de l'alliance de Berne et de celle de la France, crut être parvenue à ses fins; et sous le nom d'un traité de commerce et d'un mode de vivre, elle fit proposer au Valais [une] alliance avec elle.
Notes :
9) On cite Pierre Stockalper de la Tour de Duyn et le bailli Maghéran, qui se retirèrent à Berne.
10) Carcan :
Collier de fer qui servait à attacher le criminel au poteau d'exposition.
Sources :
Cette série d'articles est tirée de Le Chroniqueur, recueil historique et journal de l'Helvétie romande, renfermant le récit de la Réformation de ce pays publié dans les années 1835 et 1836, Imprimerie et librairie de Marc Ducloux. Compilation et mise en forme : APV.