L'hymne national suisse au concours ou à la casse?

Niklaus Natacha - 01.08.2014

03.08.15 - Une année après notre article, où en est la refonte de notre hymne national?
Le 5 juin dernier, les trois chants finalistes ont été sélectionnés. Jusqu'au 15 mai, six propositions avaient été retenues sur les deux-cent-cinq en lice. Depuis le 8 juin, le second tour de vote est ouvert jusqu'au 6 septembre. Voir ci-dessous, «Concours et avenir» pour plus de détails sur la finale.

A ce lien, on peut écouter et lire les paroles des six dernières propositions, ainsi que voter pour départager les trois finalistes.

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A l'heure où l'hymne national suisse est «mis au concours» pour être modifié (paroles et peut-être musique), une brève réflexion sur son histoire et son avenir.

Historique

C'est lors de la formation d'Etats-nations, au début du XIXe siècle, qu'on attribua la qualité d'hymne national à certains chants, souvent préexistants. Ainsi, le God save the King fut adopté comme hymne par le Danemark, puis par la Suisse.

L'auteur de la version française, O monts indépendants, est le pasteur protestant genevois Henri Roehrich. Quant aux paroles en allemand de Rufst du mein Vaterland, elles ont été écrites par Johann Rudolf Wyss, pasteur protestant bernois, en 1811.

Parce que l'air de ce chant (God save the King) n'avait aucun lien avec la Suisse, le Conseil fédéral institua un nouvel hymne national en 1961 : le Cantique suisse, du prêtre cistercien Alberik Zwyssig (musique), sur un psaume du poète zurichois Leonhard Widmer. La version française, Sur nos monts quand le soleil, est du pasteur vaudois de l'Eglise libre, Charles Chatelanat.
Le Cantique suisse en vidéo
Les paroles du Cantique suisse sur le site de la Confédération

Concours et avenir

Le 1er janvier 2014, la Société suisse d'utilité publique (SSUP) a lancé un concours pour renouveler l'hymne national suisse actuel. Le délai courait jusqu'au 30 juin dernier. A ce jour, plus de deux cents propositions leur sont parvenues. Fin 2014, les dix créations jugées les meilleures seront sélectionnées, traduites dans les quatre langues nationales et interprétées par des professionnels. Au printemps 2015, elles seront postées sur Internet et un vote en ligne permettra de désigner trois finalistes. Le gagnant sera élu par le public (par téléphone, E-mail ou sms) lors de la Fête fédérale de la musique populaire le 12 septembre 2015 à Aarau. Puis, l'hymne gagnant sera soumis au Conseil fédéral pour que celui-ci l'entérine.
Communiqué de presse de la SSUP – embargo : 07.07.2014
Jury du concours

Quelques réflexions

A une époque où Dieu est persona non grata, et dans un pays où il est devenu difficile d'affirmer qu'on adore le Dieu créateur sans passer pour un cinglé ou un simplet, forcément que l'hymne national suisse n'est plus du goût de tout le monde, qu'on lui reproche d'être «dépassé» sur le plan des paroles et, de surcroît, musicalement «lent».

Ceux qui critiquent sa lenteur lui préfèreraient-ils quelque chose de plus «dynamique», qui «pète le feu», au propre comme au figuré, telle que la Marseillaise, par exemple? En tous les cas, ce chant de guerre révolutionnaire, sanglant et vengeur, semble faire couler beaucoup moins d'encre chez nos voisins Français que notre cantique d'adoration au Dieu vivant... Vraisemblablement, Qu'un sang impur abreuve nos sillons ou le sublime orgueil de la vengeance et de la mort [1] dérangent moins que la proximité avec Dieu et les accents émus d'un cœur pieux [2].

En tant que chrétiens, nous pouvons être fiers d'avoir pour hymne national une œuvre d'une aussi grande qualité musicale et littéraire, et surtout, qui exalte, non pas des exploits nationalistes ou guerriers, mais le Dieu qui nous a donné ce pays très beau, où il fait très bon vivre. Réjouissons-nous de pouvoir chanter ses paroles de tout cœur, en nous rappelant seulement que c'est bien sur l'autel de notre patrie céleste, et non terrestre, que nous devons mettre nos biens, notre cœur, notre vie [3].

Si, comme c'est probable, nous «héritons» d'un hymne à l'«espérance en la bonté humaine» et à l'«ouverture à tout» sur un rythme «jeune» et «tubeux», il nous restera au moins trois choses :
- nos yeux pour pleurer;
- l'interpellation que nous aurions pu participer au concours;
- et, pour les plus candides, une occasion de regarder les choses en face : il y a bien longtemps que notre pays n'espère plus en Dieu, ne garde plus la foi de ses aïeux, et ne vit plus comme eux [4].

Notes :
[1] La Marseillaise, cf. refrain et couplet 7.
[2] Cantique suisse, cf. 2e strophe.
[3] Cantique suisse, cf. 4e strophe.
[4] Cantique suisse, cf. 4e strophe.

Natacha Niklaus
Sources : Dictionnaire historique de la Suisse, Confédération suisse, CHymne.ch
Compilation, rédaction et mise en forme : APV
Date de parution sur www.apv.org : 01.08.14

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